Depuis 2001, les principaux utilisateurs du titane (Safran, EDF, Dassault) et la DGALN réalisent une veille sur le marché du titane avec l’appui d’un consultant.
22 mai 2018

Assise sur des échanges informels trimestriels, cette veille permet d’ajuster les stratégies d’achat et d’anticiper les aléas des approvisionnements, notamment sur les prix. Au regard des enjeux liés aux approvisionnements en titane et du contexte actuel de réorganisation de l’offre, ce nouveau rapport donne une vision globale de l’offre et de la demande.

La demande en titane est d’environ 125.000 t/an. Neuf années après, les effets de la crise de 2008 sont encore perceptibles sur le marché du titane en particulier dans le secteur « industrie » qui a connu une bulle éphémère de reprise en 2011 avant de repartir à la baisse. Le marché captif de l’aéronautique est le premier vecteur de croissance de la demande en titane avec un taux de 12%/an en moyenne sur 2009-2016. La moitié du titane utilisé dans le Monde sert à fabriquer des avions. Cette composante de marché est facteur de stabilité car elle est régulée par les cadences de production et offre une perspective chiffrée sur le long terme. La segmentation produit se caractérise globalement d’une part, par les alliages qui sont destinés aux applications de haute performance dans l’aéronautique et la défense et, d’autre part, par le titane pur ou faiblement allié utilisé dans les applications industrielles et les biens de consommation. Dans la plupart des cas, les critères de qualité et de performance sont prépondérants pour l’emploi du matériau. Son prix est en général le principal frein à son utilisation.
Avec plus de 35.000 avions à livrer sur les 20 prochaines années et un pourcentage de titane contenu par avion en forte hausse sur les nouveaux avions en composite, l’aéronautique offre de belles perspectives de développement à long terme. La réduction du « buy-to-fly » et la concurrence avec le composite et l’aluminium sont les principales menaces pour ce marché qui reste globalement captif. Le second grand domaine d’emploi du titane est le secteur industriel : chimie, pétrole & gaz, nucléaire, dessalement, l’industrie off-shore etc. La demande industrielle est une composante qui est facteur d’instabilité du marché car c’est une demande spot qui peut aller de quelques centaines à plusieurs milliers de tonnes sur des délais courts. Le titane est employé en particulier pour son excellente résistance à la corrosion. Il concurrence d’autres matériaux pourtant moins chers grâce au gain qu’il offre sur le coût d’exploitation et de maintenance des installations industrielles. Le dessalement et l’énergie thermique des mers (ETM) sont deux domaines d’applications à surveiller en particulier car leurs besoins en titane peuvent représenter plusieurs milliers de tonnes par projet.

Métal de haute technologie, le titane est synonyme de performance et de haut de gamme dans le domaine des biens de consommation : sports, loisirs, technologies nomades, horlogerie, architecture etc. Il est également utilisé pour sa biocompatibilité dans le domaine médical avec de belles perspectives de croissance liées au vieillissement des populations. Le domaine des piles à combustible pour l’automobile présente également un potentiel de développement important avec plusieurs milliers de tonne par an. Enfin, légèreté et performance font du titane un métal de choix pour de nombreuses applications militaires. Son utilisation touche tous les secteurs de l’armement : terre, air, mer et espace. Avec une acceptation prix plus élevée et un haut niveau d’exigence, le titane est souvent incontournable dans les systèmes d’armes. La montée en puissance de la Chine et la tendance au réarmement dans toutes les régions du Monde impliquent une augmentation significative de la consommation de titane militaire dans les années à venir.

La production de titane démarre par la fabrication de l’éponge qui est extraite de l’oxyde de titane par le procédé Kroll. Ce procédé complexe et coûteux détermine l’économie de la filière de production et contribue au prix élevé du matériau. Clef de son développement, des recherches sont menées pour inventer de nouveaux procédés d’extraction, innover dans les méthodes de production. Des progrès sont obtenus et des marchés de niches trouvent progressivement leur voie en particulier dans le domaine des méthodes de production additives. L’essentiel de la production reste toutefois sur le schéma basé sur l’éponge Kroll, les techniques alternatives d’extraction semblant toutes être vouées à l’échec. Les capacités de production d’éponge ont triplé entre 2003 et 2012 pour atteindre 322.000 t/an. Fortement sur-capacitaires en Chine, ce pays a perdu plus de 40% de son potentiel. Elles sont actuellement de 264.600 t/an et sont localisées principalement en Chine (33%), en Europe de l’Est (32%), au Japon (26%) et aux USA (9%). Presque les deux-tiers de cette éponge sont qualifiés pour un usage aéronautique. La Chine n’en possède pas.

A l’horizon 2025, les perspectives de croissance des capacités sont limitées. Fait marquant, l’Arabie-Saoudite va prochainement entrer dans le cercle des pays producteurs d’éponge de titane. Au niveau des moyens de fusion, les capacités mondiales sont estimées à 430.000 t liquides/an (309.000 tonnes solides/an). Elles sont principalement localisées aux USA (37%), en Chine (32%), en Europe de l’Est (17%) et au Japon (12%). Selon les prévisions actuelles, ces capacités devraient peu évoluer à l’horizon 2025. Véritable enjeu pour la filière, les capacités de recyclage des déchets de titane sont encore sous-développées dans le Monde, excepté aux USA. Progressivement, des filières se structurent comme par exemple en France où un projet d’économie circulaire est en train de se mettre en place autour de la joint-venture UKAD (EcoTitanium).