Les journées « Mines en France » ont débuté en juin 2014 à l’initiative de l’Observatoire des Sciences de l’Univers en région Centre (OSUC) d’Orléans en partenariat avec la compagnie minière Variscan Mines, pionnière du renouveau minier en France métropolitaine.
30 octobre 2018

Leur but est d’encourager le dialogue entre les différents acteurs du regain d’intérêt pour l’exploration minière en France, en réunissant autour des opérateurs des ressources minérales, leurs partenaires financeurs, leurs clients industriels, les représentants des services de l’État, ainsi que les organismes publics de recherche et d’enseignement qui y participent directement ou indirectement.

Les thèmes retenus chaque journée ont pour objectif de faire un point actualisé sur ce renouveau replacé dans un contexte minier plus global. Se sont ainsi succédés : Quels projets pour la France métropolitaine (2014), Les mines en France (2015), Exploration minière : techniques et innovation (2016), L’Europe minière et la place de la France (2017), Le tungstène (2018). Les conférenciers, nationaux et internationaux, appartiennent à des horizons variés : industriels, administratifs et académiques, afin de donner un aperçu complet des différents volets qui alimentent le renouveau minier.

Les trois premières éditions ont été organisées à l’OSUC d’Orléans avec une participation du BRGM pour les deux premières, les deux suivantes à Paris, à Mines Paris Tech (2017) et à la SGF (2018). Elles ont réuni en moyenne 70 personnes avec, à chaque édition, plusieurs industriels et investisseurs miniers étrangers. En plus de ces 5 éditions, une journée spéciale avait été organisée en mars 2015 à Mines Paris Tech sous la forme d’une journée technique de la SIM (Société de l’Industrie Minérale) « Renouveau minier en France métropolitaine : potentialités et acteurs », afin d’informer plus spécifiquement les membres de la SIM. Elle a réuni 140 personnes.

Dès la quatrième édition, ces journées ont bénéficié d’une organisation conjointe avec la SIM, puis avec la SIM et la SGF pour l’édition 2018. Le but ultime de l’ensemble des structures impliquées dans la relance de l’exploration et de la production minière en France est d’aider à restaurer un domaine qui fut, il y a encore quelques décennies, un pan essentiel de notre industrie nationale, grand pourvoyeur d’emplois et vaste terrain de recherches académiques.

Ces journées sont saluées par les participants comme le rendez-vous annuel maintenant incontournable pour les acteurs miniers œuvrant ou souhaitant œuvrer sur le territoire national.

La cinquième édition du 7 juin 2018 était consacrée au tungstène, un métal qualifié de critique par l’Union européenne. Sept communications ont été présentées, abordant les différents aspects de l’industrie du tungstène : sa place au sein des métaux stratégiques (R. Galin, DGALN), ses gisements et sa production (E. Marcoux, université d’Orléans), ses marchés et leurs perspectives (M. Leguerinel et G. Lefebvre, BRGM), l‘ancienne (et future ?) mine de Salau, en Ariège (T. Poitrenaud, Mines du Salat), la chaîne complète mine-produit fini de Mittersill en Autriche (S. Schmidt, Wolfram), la chaîne de valeur du tungstène (P-Y. Filippi, Umicore) et enfin les avancées dans le traitement des minerais à scheelite (L. Filippov, Université de Lorraine).

Parmi les points marquants de cette journée, on retiendra la très forte criticité du tungstène, résultat de propriétés uniques et de pesantes contraintes économiques. Sa palette de propriétés est en effet remarquable : plus haute température de fusion (vers 3 410 °C), très fortes densité (19,25) et dureté (7,5 sur l’échelle de Mohs), excellentes conductibilités… ce qui en fait un métal irremplaçable dans les industries exigeant une extrême résistance thermique ou mécanique (outils de coupe, trépans, turbines de moteurs, alliages lourds des blindages…). Les contraintes économiques découlent quant à elles de l’écrasante production de la Chine qui, avec 72,1 kt en 2016, fournit 82 % du tungstène mondial, un quasi-monopole qui rend le reste du monde très dépendant.

L’industrie du tungstène en Europe est cependant bien présente avec 4 mines actives (Mittersill en Autriche, Hemerdon en Angleterre, Los Santos en Espagne et Panasqueira au Portugal) qui fournissent près de 3,03 kt de tungstène (2016), une industrie aval florissante (Umicore, Sandvik…), et une recherche appliquée performante. Face à la criticité du tungstène, on ne peut souhaiter que cette situation se pérennise, voire s’améliore, ce qui explique les projets miniers en cours de développement en Espagne, au Portugal et en France, avec les travaux en cours sur l’ancienne mine de Salau en Ariège.

Éric Marcoux
Professeur, OSUC, Université d’Orléans