Le BRGM publie un panorama de l'offre et de la demande mondiales des métaux du groupe du platine : où en trouve-t-on, qui en produit, à quoi servent-ils, quelle est leur criticité ?
19 février 2014

Les éléments du groupe du platine, ou platinoïdes, sont six métaux voisins dans le tableau de Mendeleïev, le ruthénium (Ru), le rhodium (Rh), le palladium (Pd), l'osmium (Os), l'iridium (Ir) et le platine (Pt). Ces éléments sont parmi les plus rares de l'écorce terrestre. Dans la nature, ils sont presque toujours associés entre eux, le platine et le palladium étant majoritaires. Les platinoïdes sont considérés comme des métaux précieux, avec l'or et l'argent. Leurs prix sont élevés : 1 486 US$/oz en moyenne pour le platine en 2013 (soit 35 991 €/kg), 725 US$/oz en 2013 pour le palladium et 1 066 US$/oz pour le rhodium. Pour comparaison, le prix de l'or a été de 1 410 US$/oz en moyenne sur 2013.

Le platine et le palladium ont une production minière mondiale de 180 à 200 t/an et une grande importance économique et industrielle, suivis par le rhodium (~25 t/an de production minière). Le ruthénium et l'iridium ont des applications spécialisées. L'osmium, quant à lui, n'a qu'une production très minime (<1 t/an) et des usages de micro-niche.

Les usages majeurs du platine, du palladium et du rhodium sont la catalyse, et en particulier la catalyse automobile (les pots catalytiques comptent pour 40 % de la consommation mondiale de platine, 67% de celle de palladium et 81% de celle de rhodium) mais aussi la catalyse industrielle (industries chimiques et pétrolières).  Les autres usages sont la bijouterie-joaillerie (35% de la consommation de platine, quelques pourcents de celles du palladium et du rhodium), les investissements (lingots et barres, ETF), l'électronique, les piles à combustibles, la verrerie, les prothèses dentaires, la pharmacie.

L'Afrique du Sud produit 73 % du platine mondial, suivie de la Russie (14 %). Elle produit aussi 80 % du rhodium, suivie de la Russie (12,5 %). Pour le palladium, c'est la Russie qui est en tête avec 41 % de la production, suivie par l'Afrique du Sud (38 %). Ces deux pays détiennent aussi l'essentiel des ressources connues. Vu la position dominantes de ces deux pays, la criticité sur les approvisionnements est considérée comme relativement forte.

Les platinoïdes sont largement recyclés en fin de vie, avec une bonne efficacité. Le recyclage contribue pour environ 25% à l'approvisionnement du marché en platine, en palladium et en rhodium.

En France, l'industrie automobile est le premier consommateur de platinoïdes, suivi des industries pétrolières, pétrochimiques et chimiques, puis des industries électroniques, aéronautiques, spatiales, de défense, pharmaceutiques et médicales. Les bijoutiers-joaillers et les horlogers de luxe utilisent aussi du platine, ainsi que du rhodium en alliage ou en placage.

Il n'existe pas gisements de platinoïdes en France métropolitaine, ni de contextes géologiques favorables à leur existence. Il en existe quelques indices en Nouvelle-Calédonie, mais sans dimension économique démontrée jusqu'à présent. La France dépend entièrement des importations pour son approvisionnement.

A la demande du ministère en charge des mines et des matières premières, le BRGM réalise depuis 2010 des monographies relatives à des matières premières minérales potentiellement stratégiques pour l'économie française. Ces études analysent la filière liant les ressources géologiques aux produits industriels et aux biens de consommation. Les résultats contribuent à déterminer l'exposition de la France aux risques pesant sur les approvisionnements en chacune de ces substances et leur importance pour l'économie française. Ces panoramas de substances sont des outils d'aide à la décision tant pour les industriels que pour les pouvoirs publics. La version publique de ces monographies, téléchargeable sur www.mineralinfo.fr, est destinée à une large diffusion dans un but de sensibilisation des acteurs de l'économie et d'information générale.