Le 6 décembre s’est tenu le deuxième séminaire du Comes de l’année 2017.
12 décembre 2017

Le thème était la criticité des métaux pour l’économie française et les enjeux pour l’innovation et le déploiement des technologies pour le numérique. En février 2017, le Comes s’était penché sur les métaux de la transition énergétique.

Mme de Margerie, vice-présidente du World Materials Forum (WMF), a rappelé au cours de son discours d’ouverture les principaux défis sociétaux du siècle à venir : la croissance de la démographie et l’accroissement de la classe moyenne en particulier. L’objectif du WMF est de stimuler et de proposer des solutions d’innovation pour répondre à ces enjeux en portant à connaissance les solutions les plus prometteuses. Mme de Margerie a ainsi cité nombre de technologies innovantes qui répondront aux enjeux d’efficacité des ressources  selon le triptyque : « use less, use longer and use smarter », thème de l’édition 2017. L’édition 2018 du WMF portera sur  les smartphones et le big data avec un angle sur la priorisation de l’information. Mme de Margerie a mis en évidence des convergences et des complémentarités entre le Comes à l’échelle française et le WMF qui mobilise les grands acteurs économiques mondiaux. Il s’agit de trouver et de promouvoir les solutions qui répondent aux enjeux de rareté des ressources tout en produisant de la valeur économique.

Après un rappel sur les notions de criticité et la méthodologie d’évaluation, le BRGM a présenté la synthèse de ses travaux sur la criticité des métaux et une matrice de criticité pour l’économie française. Cette matrice a vocation à être actualisée périodiquement et complétée par des nouvelles substances. Certains métaux de base comme le cuivre seront évalués pour une prochaine édition. Des rétro-éclairages ont porté sur les substances les plus critiques (tungstène, certaines terres rares, certains platinoïdes et antimoine) ainsi que sur d’autres substances au cœur de la transition énergétiques (cobalt, lithium, cuivre).

Depuis les premières études de criticité, d’importants programmes de recherche et développement ont été soutenus en France, en particulier sur le recyclage des métaux stratégiques. L’Ademe a présenté la synthèse de l’étude menée par BioDeloitte sur les forces et faiblesses de la R&D française sur les métaux stratégiques avec deux principaux constats, la difficulté du passage à l’industrialisation et la nécessité de développer une approche du marché offensive. Le recyclage ne doit pas être seulement considéré comme une solution pour répondre à nos besoins. Le recyclage est une opportunité de valoriser les nouveaux gisements constitués par nos déchets dans un contexte de marchés internationaux.

La DGE a poursuivi par la présentation des perspectives de développement et les orientations privilégiées d’une politique industrielle dédiée au recyclage des métaux stratégiques. Une note de position du COMES sera publiée prochainement (début 2018).

Pour clôturer ce volet sur la criticité des métaux, A3M a illustré le dynamisme de l’activité métallurgique sur les métaux stratégiques avec plusieurs investissements notables dans des outils industriels innovants. Le groupe Eramet a été particulièrement actif cette année avec l’inauguration de trois industrialisations : la première production européenne de lingot de titane à partir des chutes de fabrication de qualité aéronautique (ecotitanium), le recyclage avec zéro mise en décharge et 100 % de valorisation des batteries, piles et catalyseurs sur le site de Commentry et enfin l’évolution de l’usine de Sandouville.

Le dynamisme de la filière zinc en région Hauts de France a été souligné avec notamment les investissements à Auby (société Nyrstar) pour augmenter la capacité de production de son atelier d’indium, sous produit de la métallurgie du zinc. Auby en capacité nominale produira 72t/an d’indium et permettra d’augmenter significativement les approvisionnements européens. La contribution de la filière française de silicium  couvre 19 % des approvisionnements européens en silicium métal et 5 % à l’échelle mondiale. Cette production française est la plus décarbonée au monde et des projets prometteurs sont initiés. DCX Chrome, leader mondial du chrome métal aluminothermique, dont la production française représente 20 % de la production mondiale de chrome métal poursuit des développements en particulier sur la production de poudre. Afin d’accompagner et d’intensifier cette dynamique, Mme de Langeron, déléguée générale d'A3M a rappelé la nécessité de disposer d’un cadre européen plus favorable en particulier sur le prix de l’énergie et les aspects de défense commerciale.

La deuxième partie du séminaire a porté sur les enjeux des métaux stratégiques pour l’innovation et le déploiement des technologies du numérique. Orange a présenté sa perception et son approche pour évaluer leur exposition actuelle et future aux métaux rares. sans être fabriquant de produit, Orange développe sa propre connaissance sur les compositions des matériels : éléments mécaniques et composants électroniques. Il s'agit d 'évaluer en permanence la vulnérabilité d'Orange et des technologies en développement vis à vis des sources d'approvisionnement (pénurie, prix, empreinte environnementale  et  responsabilité sociale).  Des limites méthodologiques sont pointées en particulier pour apprécier les contributions à l’épuisement d’une ressource.

Le dernier exposé, par le CEA-Leti, a évoqué la problématique de la diffusion à très grande échelle de microprocesseurs dans nos objets de la vie quotidienne. Avec deux illustrations remarquables, le Hafnium et le Cobalt. La nanoélectronique est peu prédatrice, à elle seule, de matériaux critiques, à quelques exceptions près. Néanmoins, dans certains cas, elle pourra être impactée par le destin des éléments utilisés pour la transition énergétique au sens large, et plus généralement, aux stratégies d’approvisionnement des fournisseurs de matériaux et produits chimiques utilisés pour la fabrication des dispositifs. La nanoelectronique doit aussi se préoccuper de la disponibilité des ressources rares.

Parmi les métaux identifiés comme critiques par la dernière mise à jour de la Commission européenne, 15 sont utilisés ou potentiellement utilisables en nanoélectronique (dont 6 des nouveaux entrants).

Les technologies de dispositifs en développement pour l’internet des objets (dispositifs radiofréquence, capteurs, mémoires..) et les travaux en laboratoire visent dès aujourd’hui à économiser les matériaux critiques ou à les substituer en s’appuyant sur la dernière parution de cette liste des matières critiques.