Cet article dresse un tableau du marché mondial de l’or en 2017. Il couvre l’offre et la demande en or physique, les pays producteurs, les sociétés et les prix. Un document téléchargeable intitulé « Quelques rappels sur l’or et son historique » est inclus en annexe. Il présente des informations supplémentaires sur l’évolution de la production de l’or dans le temps, les stocks et les réserves et ressources connues en terre en 2017 .
5 avril 2019
Répartition de la demande d'or dans le monde en 2017

Répartition de la demande d'or dans le monde en 2017

© BRGM, d'après World Gold Council, mai 2018

1. L'offre et la demande

Le marché physique de l'or est approvisionné par 3 sources :

  • la production minière,
  • le recyclage (bijoux, DEEE1, dentaire)
  • le déstockage éventuel.

D'après le World Gold Council (WGC, Conseil Mondial de l'Or), la demande en or dans le Monde a été de 4 108 tonnes en 2017. Cette demande a été satisfaite par la production minière (3 272 t nette de hedging2 des producteurs) et le recyclage (1 167 t), soit un total de 4 439 tonnes. La différence de 331 tonnes correspond à des variations de stocks et opérations non comptabilisées (OTC). Les 4 108 t d'or demandées dans le Monde en 2017 ont été utilisées à 52,6 % pour la bijouterie, 30,2 % pour des investissements (lingots, pièces, médailles, ETF et achats des banques centrales), 0,4% par le secteur dentaire et 7,7% par l'industrie, essentiellement dans le secteur de l'électronique.

Production minière mondiale d'or en 2017

Production minière mondiale d'or en 2017

d'après BRGM, S&P Global Market Intelligence, World Gold Council

2. Répartition de la production minière

Plus de 90 pays ont extrait de l'or de leur sous-sol en 2016-2017, avec des quantités très variables, allant de quelques kilogrammes comptabilisés pour Taïwan ou l'Ouganda en 2017 et plus de 400 t pour la Chine (1er producteur mondial). Le tableau ci-dessous récapitule les 92 pays dans lesquelles une production minière a été enregistrée pour 2017 (BRGM3).

En fait, l'or est très largement distribué sur Terre, mais en très faibles concentrations, ce qui en fait la rareté. Il est extrait ou a été extrait dans de très nombreux pays. Même la France métropolitaine a eu une production significative d'or depuis le temps des gaulois jusqu'à 2004. La dernière mine d'or en France métropolitaine a fermé en 2001, Le Bourneix (87), mais on a continué à retraiter des minerais d'une autre mine, Salsigne (11) jusqu'en 2004. Les figures suivantes montrent les parts respectives des vingt principaux pays producteurs miniers et de l'Union Européenne, et la répartition de la production minière au sein de l'Union Européenne.

La somme des productions minières des pays renseignées par le BRGM, ajustées en septembre 2018 par des compilation de données des sociétés4, est de 3 327 tonnes d'or en 2017. Le World Gold Council publie, lui, une production minière de 3 298 t en 2017, soit 0.9 % de moins. Des ajustements sont encore probables. Les chiffres publiés utilisés dans les compilations ont des limites d'exhaustivité et d'exactitude.

Tout l'or extrait n'est pas comptabilisé. D'une part parce que certaines sociétés, dans certains pays, ne publient pas leur production, et que les pays ne publient pas forcément tous les mouvements d'or. D'autre part parce que l'or est produit par une très grande variété d'exploitations, allant de mines industrielles produisant plusieurs dizaines de tonnes d'or par an (la mine de Grasberg, en Indonésie, par exemple, a produit 48 tonnes d'or en 2017) à des petites mines qui produisent quelques dizaines ou quelques centaines de kilogrammes d'or par an, et à des exploitations artisanales, avec des orpailleurs qui récupèrent quelques dizaines ou quelques centaines de grammes par an. Une partie de l'exploitation artisanale est clandestine et donc, par définition, non comptabilisable. Ainsi en Guyane Française, il existe quelques sociétés ou quelques orpailleurs autorisés exploitant l'or et tenant de registres de production, avec une production rapportée de 1,3 t en 2017, mais il existe aussi de nombreux orpailleurs clandestins, souvent immigrés illégaux, qui ont une production non enregistrée. Certains analystes peuvent ou non intégrer dans leurs statistiques des estimations très approximatives de telles productions.

L'Afrique du Sud était restée de loin le premier producteur minier mondial d'or depuis 1905, mais a perdu sa place de leader à partir de 2007. Elle s'est fait dépasser par la Chine en 2007, l'Australie et les États-Unis en 2008, la Russie en 2009, le Pérou en 2012, le Canada en 2014, puis le Ghana en 2017. L'Afrique du Sud produisait 52% de l'or (minier) mondial en 1984, et n'en produit plus que 4% en 2017. Les énormes gisements du Witwatersrand qui avaient fait la richesse aurifère de l'Afrique du Sud s'épuisent et ce qui en reste est de plus en plus difficile à exploiter.

La carte ci-dessous indique la répartition des principales mines d'or du Monde. Elle indique 848 mines en opération, intégrant les plus importantes, mais elle n'est pas exhaustive. La production cumulée rapportée de ces mines a été de 2 397 tonnes d'or, alors que la production minière mondiale est évaluée, selon les auteurs, à 3 298 à 3 327 t (cf. plus haut). La carte indique aussi 1 629 projets miniers plus ou moins avancés.

Les bases de données renseignées sont incomplètes. En particulier :

  • Les informations manquent pour de nombreuses mines chinoises : la carte indique 111 mines en Chine ayant produit au total 128,5 t en 2017, alors que la production minière chinoise est évaluée à plus de 426 t en 2017 ;
  • Nombre d'exploitations artisanales ne sont pas renseignées. Or dans de nombreux pays, et en particulier en Afrique, elle peut représenter plusieurs tonnes par an. En Guinée par exemple, la production artisanale a longtemps été estimée à plus de 4 t/an. Les autorités soudanaise affichent une production de 105 t d'or en 2017, alors que les deux seules mines à l'échelle industrielle en activité au Soudan n'en ont produit que 4,9 t. Mais il y existe des chantiers notoires d'exploitation artisanale. Il en est de même pour la RD du Congo, le Burkina Faso, l'Indonésie, même la Guyane Française, etc.
Répartition de la production minière d'or en 2017 par producteur

Répartition de la production minière d'or en 2017 par producteur, détaillant les 12 premiers producteurs mondiaux

© BRGM, d'après S&P Global Market Intelligence, 2018

3. Qui produit l'or minier (primaire)?

La production minière est réalisée par un très grand nombre d'exploitants de toutes échelles. Elle est très faiblement concentrée. Ainsi les 12 plus grosses sociétés minières mondiales (hors Chine) n'ont produit que 31 % de l'or primaire en 2017.

Répartition des provenances de l'or de récupération pour recyclage en 2017

Répartition des provenances de l'or de récupération pour recyclage en 2017

© BRGM, d'après Thomson-Reuters, GFMS

4. Les sources d'or secondaire

La récupération (bijoux revendus et refondus, recyclage des déchets d'équipements électriques et électroniques, couronnes dentaires, etc.) a approvisionné le marché de l'or mondial à hauteur de 1 210 tonnes en 2017, en baisse de 7% par rapport à 2016, et même de 31% par rapport au pic de 2009 (1 765 t). Nombre de recycleurs, qui extraient et récupèrent l'or des déchets, sont situés dans des pays qui n'ont pas de production minière d'or, en particulier en Europe (Allemagne, Belgique, Suisse, Royaume-Uni …). Certains envoient leurs produits récupérés impurs chez des affineurs, souvent en Suisse, d'autres affinent eux-mêmes l'or (comme Umicore en Belgique).

Selon Thomson Reuters, la répartition des provenances de cet or ("scraps") a été la suivante :

Les couleurs de l'or de joaillerie en fonction des proportions d'or, de cuivre et d'argent

Les couleurs de l'or de joaillerie en fonction des proportions d'or, de cuivre et d'argent

© Ashanti Goldfields

5. Les qualités d'or et la terminologie

Selon les interlocuteurs, le mot "or" ne signifie pas toujours exactement la même chose. Pour le chimiste, l'or désigne l'élément chimique du tableau de Mendeleïev, c’est-à-dire le métal pur. En pratique, l'or est généralement affiné (purifié) à 99,99% de pureté. L'or pur à 99,99 % utilisé pour les lingots et barres est un métal mou, peu adapté à la bijouterie où une certaine rigidité est nécessaire. En orfèvrerie, on mélange en général l'or avec d'autres métaux, principalement l'argent et le cuivre en proportions diverses. On obtient un alliage.

Le terme de "carat"5 utilisé en orfèvrerie désigne la 24ème partie de l'alliage. Ainsi l'or à 24 carats est de l'or pur (en pratique, à 99,99%). L'or à 18 carats contient 18/24 = 75% d'or et 25 % d'autres métaux, cuivre et d'argent en particulier, eux-mêmes en proportions variables, ce qui a pour effet de faire varier la couleur (si l'argent domine, la couleur est plus blanche, si le cuivre domine, la couleur est plus rouge). En Europe, pour l'orfèvrerie, on privilégie l'or à 18 carats, qui est bien adapté à la bonne tenue des bijoux. On trouve aussi de l'or à 14 carats (qui contient 58,3 % d'or). Et l'or récemment apparu dans les supermarchés étiqueté comme "375" correspond à 375 pour mille d'or, c'est donc de l'or à 9 carats. Dans certains pays d'Asie, on a souvent préféré l'or à 22 ou même 23 carats, mais les bijoux sont alors facilement déformables.

Les couronnes dentaires en or sont aussi en réalité des alliages. Ainsi l'or dentaire jaune est composé en général de 50 % à 90 % d'or, 1 % à 30 % d'argent, 0 % à 20 % de palladium, 0 % à 12 % de platine et éventuellement d'autres métaux.

L'or naturel n'est jamais pur. Les poudres, paillettes et pépites récoltées par les orpailleurs titrent généralement entre 90 et 95 % d'or. Les 5 à 10 % restant sont de l'argent, du cuivre, du fer et divers autres métaux (des analyses très fines indiquent que presque tous les éléments du tableau de Mendeleïev peuvent être présents à l'état de traces).

L'or extrait des mines est impur aussi. Il contient le plus souvent entre 5 et 25 % d'autres métaux et en particulier de l'argent. Lorsque les mines traitent sur place leur minerai pour couler du métal, le métal obtenu est ce que les mineurs appellent du "doré". C'est de l'or impur, qui peut contenir de l'argent et divers autres métaux. Les lingots de doré sont alors pesés et "titrés" (on réalise une analyse pour établir la proportion d'or véritable dans le "doré"), et le prix de vente, qui sert aussi de référence aux calculs des royalties (taxes ad valorem), est calculé en fonction du contenu en or véritable. Lorsque l'or domine largement, seul le prix de l'or est pris en compte. Lorsqu'il y a beaucoup d'argent (certains dorés contiennent jusqu'à 25% d'argent), on pourra tenir compte du prix de l'argent.

Les lingots de "doré" ne sont en général pas affinés en or fin sur place. Ils sont expédiés à des affineurs spécialisés, pour beaucoup situés en Suisse. Ainsi la Suisse, qui n'a pas de production minière d'or, exporte dans le monde de grandes quantités d'or affiné.

L'or qui circule peut donc avoir une grande variété de compositions ou de formes, selon qu'il s'agit de barres, lingots ou lingotins d'or fin, de pièces, de bijoux, de paillettes et pépites naturelles, de doré brut, d'or de récupération, etc. 

6. Le prix de l'or et sa cotation

Sur les marchés internationaux, l'or est coté en US$/oz (Dollars US par onces "Troy"6).

                    1 oz (troy) = 31,10348 grammes

Depuis l'abandon de la parité dollar-or de 35 US$/oz en 1971, l'or est coté dans de nombreuses bourses du monde, mais le prix de référence dans les affaires internationales et le milieu minier est généralement le "fixing" de Londres, la cote de l'or donnée deux fois par jour en fins de séances à la bourse aux métaux précieux de Londres (London Precious Metal Exchange).

Les figures suivantes montrent l'évolution récente du prix quotidien de l'or depuis 2002 et l'évolution du prix moyen annuel de l'or depuis 1900, en valeur nominale (dollars courants) et en valeur constante, convertie en dollars de 2013 compte tenu de l'inflation. Le prix de l'or avait atteint un pic à 850 US$/oz en janvier 1980 (612 $/oz en moyenne sur l'année 1980 en nominal, ce qui, compte tenu de l'inflation, correspond à 1 822 US$ de 2017). Il a ensuite beaucoup baissé, pour rester presque toujours en dessous de 300 US$/oz entre novembre 1997 et mars 2002. Il est ensuite fortement remonté jusqu'à septembre 2011 ou il atteint ponctuellement le record absolu (en nominal) de 1 896 US$/oz. Le prix a à nouveau baissé depuis lors, avec un minimum relatif à 1 053 US$/oz atteint le 3 décembre 2015. Il s'est ensuite irrégulièrement redressé, oscillant généralement entre 1 200 et 1 300 US$/oz depuis lors (1 208 US$/oz le 20/09/2018). Bien qu'en baisse par rapport à son prix moyen de la période 2011-2013, le prix de l'or reste néanmoins supérieur à tout ce qu'il a été avant mi-2010.

7. La consommation d'or française

La France confectionne de moins en moins de bijoux en or, avec 5,8 t d'or utilisées dans la fabrication de bijoux en 2017, dont 1,5 t provenant du recyclage d'or de récupération et 4,3 t d'or primaire, à comparer avec 12 t utilisées en 2008, dont 2 t provenant de récupération et 10 t d'or primaire. Le même constat se généralise à l'Europe, qui a utilisé 261 t d'or pour la fabrication de bijoux en 2017 (dont 92 t issues du recyclage), vs 533 t en 2008 (Thomson Reuters GFMS 2018). En fait, comme pour beaucoup d'autres manufactures, on constate un basculement de la production vers l'Asie, la Chine étant passée dans le même temps de 329 t d'or pour la fabrication en bijouterie en 2008 à 674 t en 2017 (Thomson Reuters GFMS 2018). La France a aussi utilisé 2,1 t d'or supplémentaire pour des fabrications autres (industrie, dentaire, etc.), et 1,5 t pour la fabrication de pièces officielles (Thomson Reuters GFMS 2018). La consommation finale de la France d’or en bijouterie, après ajout des importations nettes, s’élève à 13,3 t en 2017. Notons que cela correspond à une consommation de 0,2 g d'or par habitant et par an. C’est-à-dire que cela correspondrait en moyenne à l'achat de 2 g d'or par personne tous les 10 ans (soit environ l'équivalent d'une alliance en or ou bijou équivalent une fois tous les 10 ans), ce qui est tout à fait vraisemblable.

Remarque : A titre indicatif, la consommation annuelle française en bijouterie est équivalente à dix fois la production minière légale annuelle de Guyane et deux fois la production annuelle envisagée par la Compagnie Montagne d'Or (Nord Gold SE 55.01%, Columbus Gold Corp 44.99%) en Guyane Française, de l'ordre de 7 t d'or par an.

 

Notes

1. Déchets d'Équipements Électriques et Électroniques.

2. Très schématiquement, les producteurs miniers peuvent, lorsqu'ils ont besoin de financement, emprunter de l'or physique à des stocks (banques…), donc le mettre sur le marché, puis le rembourser en nature, donc sortir du marché une partie de l'or qu'ils ont extrait.

3. Légèrement ajusté avec les données par opération de S&P.

4. En s'appuyant sur la base de S&P Global / SNL.

5. Cela n'a rien à voir avec le terme de carat utilisé pour les pierres précieuses et en particulier le diamant, qui est une mesure de masse, 1 carat = 0,2 grammes.

6. En référence à une unité de mesure utilisée jadis à la foire de Troyes, en Champagne.

 

Jean-François Labbé, BRGM

 

Sources

Thomson Reuters – GFMS Gold Survey 2018 - http://solutions.refinitiv.com/MetalsResearch_confirmation

World Gold Council (WGC) – Gold Demand Trends Q1-2018 -https://www.gold.org/download/file/6731/gdt-q1-2018.pdf

S&P Global Market Intelligence (ex-SNL) - https://www.snl.com

Kitco markets - https://www.kitco.com/market/